Yassine Balbzioui, un artiste polyvalent né en 1972 au Maroc, se distingue par son utilisation innovante des médias et son défi aux conventions. Au cours des années 1990, il a suivi une variété de cours artistiques et a obtenu plusieurs diplômes, y compris une maîtrise en beaux-arts de l’École des Beaux-Arts de Casablanca au Maroc, ainsi qu’un Diplôme National d’Art et un Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux en France. En 2001 et 2002, il a poursuivi une formation en arts et médias à l’Université de Berkeley en Californie (USA) dans le cadre du programme “education abroad program”.
Balbzioui est fasciné par le thème du masque, qui joue un rôle central dans son œuvre. Il estime que la société est souvent fondée sur les apparences. Il déclare : “Nous vivons de plus en plus dans une société qui tente de dissimuler sa véritable nature derrière des mensonges. Chacun adopte une fausse identité”. Ses œuvres invitent constamment le spectateur à remettre en question les notions de sincérité et d’hypocrisie, ou de vérité et de mensonge.
L’absence de visage humain dans l’œuvre de Yassine est frappante ; ses peintures sont peuplées d’animaux et d’oiseaux, faisant souvent référence au bestiaire, et représentent des histoires ou des scènes basées sur les caractéristiques des animaux et leurs similitudes avec les comportements et les traits humains. “L’animal est une créature qui nous ressemble, mais aussi où nous trouvons des attributs de plus en plus absents chez les humains, comme la douceur ou la noblesse”, dit l’artiste. Ses œuvres explorent l’idée de “être” et “paraître” à travers la forme des masques, et comment nos choix et actions sont parfois plus influencés par des instincts primitifs que par des décisions réfléchies. Avec cette technique, les peintures à l’huile de son travail présentent des caméléons, faisant référence à la façon dont les Indiens apprennent à s’adapter à toutes les situations.
Son travail se développe autour de différents axes : essentiellement peintre et dessinateur, il développe, dans une veine néo-expressionniste, une production d’une grande richesse formelle et sémantique, dans laquelle la représentation de l’animalité humaine, le plus souvent sous le couvert du masque, croise les notions de dérision, d’idiotie, de grotesque, appréhendées comme postures artistiques. Dans un esprit distancié, proche de la simplicité fluxus (bien que sans rapport formel avec ce mouvement), son œuvre théâtralisante met en exergue de manière radicale et systématique l’ « esprit de sérieux », et s’évertue, avec un vitalisme jamais démenti et une énergie brute, au mélange de l’art et de la vie.
Si le quotidien reste sa source principale d’inspiration, un quotidien sans cesse décalé sous son regard insolite, Yassine Balbzioui y interfère de nombreux univers, ceux du cinéma – séries Z et films d’horreurs-, du théâtre et de la danse, des contes et légendes…Tout est propice à nourrir son insatiable imaginaire. En perpétuelle recherche, il développe aussi des travaux sur divers médiums : sculpture, céramique, photographies, installations, vidéo. Se mettant fréquemment en scène, il déploie également une importante activité de performeur, dans laquelle on peut observer toute la mesure de sa folie !
Récemment sélectionné par Simon Njami pour la 12ème Biennale de Dakar (Sénégal), Yassine Balbzioui a, depuis quinze ans, exposé son travail un peu partout dans le monde : en France (Paris, et notamment en 2014- 2015 à l’Institut du Monde Arabe pour l’exposition panorama « Le Maroc contemporain », mais aussi Bordeaux, Montluçon ou Nantes), au Maroc (dans l’exposition inaugurale du Musée Mohammed VI, en 2014, mais aussi à Casablanca, Rabat, Essaouira), en Allemagne (Bayreuth, Stuttgart, Berlin), aux Pays-Bas ( Amsterdam), au Mexique, en Italie (Cagliari, Sardaigne, Milan) en Espagne, à Bamako au Mali. Sa carrière est ponctuée de nombreuses résidences artistiques en divers lieux de création à l’étranger, parmi lesquelles, récemment, Trident Space à Hyderabad, en Inde, et cette année 2024 à Port Tonic Art Center.
Ses œuvres ont intégré plusieurs collections privées et publiques, parmi lesquelles celle du Musée de Bank Al-Maghrib, à Rabat (Maroc) et la Fondation Alliances (Maroc).